Un conseil simple et efficace à appliquer au quotidien
S’il y a UN geste, une action par laquelle démarrer un programme d’hygiène de vie : c’est celle-là car on n’imagine pas tous les effets et bienfaits sur nos étages inférieurs de la digestion que peut revêtir la mastication.
Mastication : une définition « simplissime »
C’est l’action de broyer et de mâcher les aliments à l’aide de ses dents. Elle est le résultat des mouvements du seul os du visage à avoir une mobilité : le maxillaire inférieur et de la contraction de deux muscles puissants : les masséters qui s’appuient sur les os du crâne et ce faisant, ils mobilisent à la fois les muscles temporaux et la mâchoire inférieure.
Un geste simple aux multiples effets :
Pourquoi intégrer (si ce n’est déjà fait) les quelques conseils suivants pour devenir un bon « pro de la mastication » avec toutes les explications physiologiques et les bienfaits. Ainsi vous serez assuré(e) que lorsque votre naturopathe commencera à vous conseiller de bien mâcher les aliments solides et liquides, ça n’aura rien de banal.
Alors d’abord comment c’est possible ? Ça marche comment et que se passe-t-il dans notre bouche ?
Car c’est bien la 1ère étape de la digestion, essentielle si l’on veut que la suite se déroule sans encombre : partant du principe que la digestion est constituée de plusieurs étapes, chacune ayant son importance, de la bouche au gros intestin en passant par l’estomac.
Cet acte anodin est bel et bien un geste « santé naturelle » : nul besoin de chercher à soulager les mauvaises digestions en consommant des compléments alimentaires si vous ne soignez pas cette étape.
Du coup, dans le 1er rôle, on trouve la salive légèrement acide et produite en grande quantité (1L à 1.5L par jour), elle est riche en eau (95%), ions (sodium, potassium, bicarbonates), en mucus, et surtout en enzyme digestive (l’amylase qui digère les amidons) et en lysozyme (qui joue le rôle de « nettoyeur » pour éliminer les microbes pénétrant par la bouche). Elle va permettre une première transformation de la matière (en décomposant les chaines d’amidon, molécules complexes qui exigent une rupture par la chimie de cette enzyme) et assainir le bol alimentaire.
Ensuite dans les rôles secondaires : la langue, assistée par les glandes salivaires, nos joues et bien entendu nos dents qui vont broyer, malaxer contre nos joues, insaliver avant d’avaler.
Donc ce geste est à pratiquer avec conscience et attention dès le plus jeune âge. En effet, si nous voulons que nos enfants prennent le bon pli dès leur premier repas solide : commençons par le faire nous-même, ainsi ils n’auront qu’à nous imiter et par conséquent, ils pourront bien digérer et profiter des aliments ingérés. Apprendre à bien mastiquer en prenant le temps. Chose compliquée, vous me direz, au sein des cantines ou règnent « vitesse et brouhaha » ! Mais ce n’est pas grave, les repas à la maison sont l’occasion de se poser, regarder ce qui composent nos assiettes et MACHER ! Un enfant « bon masticateur » fera un adulte « bon masticateur », il aura aussi une bonne conscience des effets physiologiques de la mastication et un développement optimal de ses structures orales (dents, glandes, muscles de la face, articulation de la mâchoire). Car la mastication contribue activement au développement des mâchoires chez l’enfant.
Un peu d’histoire :
Le Docteur Fletcher en 1903 a mis au point une technique qui l’a rendue célèbre : Le « Fletcherisme » qui consistait, suite à ses expérimentations sur des rats, à mastiquer longuement, y compris les liquides pour maigrir. Il a aussi été le premier à souligner l’importance des émotions négatives, au moment des repas et déconseillait par exemple de s’alimenter si on est sous le coup de la colère ou de la tristesse. Surnommer le « grand masticateur » avec un vrai succès auprès de ses pairs, sa méthode est ensuite tombée dans les oubliettes.
Elle revient aujourd’hui avec les travaux de Marie-Agnès Peyron (à l’Institut National de la Recherche Agronomique INRA) qui, par exemple, a demandé à une vingtaine de patients de mâcher très lentement et de recracher les aliments, donc aucune calorie n’avait été consommée. Les volontaires ont fini en indiquant ne pas avoir faim après cette expérience !
Les conditions d’une bonne mastication :
D’où, en premier lieu, l’importance de prendre soin de ses dents (soins et suivi dentaires mais aussi adopter une alimentation équilibrée dès le plus jeune âge, avec une attention particulière pour le sucre – sous toutes ses formes – qui attaque l’émail (surtout les sodas et boissons hyper-sucrées) et abime au passage la dentition de lait et la dentition future). Les dommages sont considérables, couteux et parfois irrémédiables.
Prendre ses repas assis, au calme et prendre le temps pour que toute la mécanique hormonale puisse se mettre en route.
Ainsi ça laisse la possibilité d’envoyer des messages au cerveau : c’est la phase céphalique de la digestion, tout se passe par la vue (prendre le temps de regarder ce qu’on va manger), on retrouve alors le plaisir de préparer et présenter ses plats avec le jeu des couleurs, des arômes pour stimuler tous nos sens (visuel, olfactif, gustatif) qui participent à un équilibre global. Et en mastiquant, les aliments révèlent toutes leurs saveurs.
Ensuite des messages vont arriver au cerveau qui va commander la sécrétion de 2 hormones: la ghréline (sécrétée dans l’estomac) qui stimule l’appétit et la leptine (fabriquée par les cellules graisseuses ou adipocytes) qui agit comme un signal de satiété. Ainsi on va retrouver le plaisir de manger sainement, des aliments croquants à souhait et porteurs d’éléments nutritifs qui vont pouvoir être assimilés. La satiété arrive environ 20 minutes après le début d’un repas donc plus on prendra soin de mastiquer et moins on aura besoin de manger pour être rassasié !
Effets d’une mauvaise mastication :
- Une mauvaise digestion: les aliments insuffisamment broyés, vont suivre leur trajet et ainsi l’ensemble de l’’appareil digestif va devoir fournir un surcroit de travail, au niveau de tout l’appareil digestif.
- Des troubles de la digestion : ballonnements et gaz intestinaux, troubles du transit avec constipation, hyper-acidité de l’estomac avec reflux, nausées, colites.
Effets immédiats d’une bonne mastication :
- Une bonne digestion sans malaises: tels que douleurs, signes de souffrance, ballonnements, poids sur l’estomac, soif excessive après le repas, somnolence…
- Un excellent remède naturel à la constipation, fléau qui altère la qualité de vie de nombreuses personnes.
- Une meilleure régulation du poids par le jeu des hormones (on trouvera aussi l’histamine qui augmente le métabolisme des graisses (lipides).
- Une amélioration du sommeil en donnant moins de travail aux organes de la digestion, le sommeil est plus facile à trouver, plus continue (sans réveil nocturne vers 2-3 h du matin), de meilleure qualité et avec un réveil plus facile au moment du levé.
Effets à long terme d’une bonne mastication :
- Un bon développement des fonctions cérébrales. En outre, la mastication augmente la sécrétion d’histamine qui donne de meilleures capacités à étudier et favorise l’apprentissage. Elle favorise l’irrigation du cerveau grâce aux pressions développées par les mâchoires. C’est un excellent moyen de prévention pour toutes les pathologies dégénératives (type démence sénile, Alzheimer) et favorise le maintien des processus liés à la mémoire.
- Un moyen naturel de nettoyer nos oreilles : par le mouvement des mâchoires, le cérumen qui peut se constituer en « bouchon » sera automatiquement dirigé vers l’extérieur et donc la mastication pourra aider à drainer les conduits auditifs.
- Une meilleure régulation du poids : le nutritionniste Dr Arnaud Cocaul prône le régime minceur avec son régime « mastication ». Son conseil repose sur la mastication comme moyen de perdre du poids sans se dénutrir, par opposition à tous les régimes « minceur » qui peuvent entrainer privations, frustrations et carences.
En résumé :
Prendre soin de soi et sa santé passe par des gestes de bon sens dont nous nous éloignons ou que la vie moderne nous fait perdre, petit à petit. Revenir à l’essentiel et aux choses simples, en accord avec notre physiologie et nos besoins vitaux : voilà le secret du bien-être et du bien-vieillir.
Privilégier des aliments de qualité et le plus souvent durs, à croquer, en effet, il a été démontré que la consistance des aliments a une incidence sur toute cette physiologie de la digestion. Donc voici une raison supplémentaire de croquer des fruits (pomme, poires) ou des légumes crus.
Conseil lecture pour accompagner cet article : le livre de France Guillain : La Mastication c’est la Santé qui prône l’art de mastiquer pour retrouver et apprécier toutes les saveurs des aliments mais aussi en extraire toutes leurs qualités nutritionnelles.
En effet, dit France Guillain : « la bouche se comporte comme un scanner pour le cerveau. (…) La mastication sert à analyser et à quantifier ce qui entre dans notre bouche. Il ne sert à rien de faire des combinaisons alimentaires intelligentes ou de manger bio si l’on ne prend pas le temps de mastiquer, de savourer en salivant ».
Elle s’appuie sur quelques exemples, notamment l’expérience vécue par des prisonniers américains lors de la guerre du Vietnam qui devaient se contenter d’une noix de coco par jour pendant un an, survécurent grâce à une mastication prononcée, soutirant de la noix de coco tous les nutriments nécessaires.
Sources : lanutrition.fr / Wikipédia (Fletcher) / ISUPNAT / Naturopathie pratique (Daniel Kieffer).
Pour bien manger, il faut respecter quelques règles de base : adopter une alimentation hypotoxique, qui génère le moins de déchets possible dans le métabolisme, en mangeant en priorité des aliments biologiques, non raffinés, frais, et de préférence crus (pour ne pas perdre les vitamines lors de la cuisson). Des réflexes de bon sens pour manger plus sain et se rapprocher de la nature. Pour plus d’informations, cette page en parle:http://naturopathie.confort-domicile.com/
Bonjour,
Merci pour votre commentaire qui va dans le sens de mes autres articles de mon blog. Je suis bien d’accord et peut-être suis-je passée un peu vite dans cet article précisément sur le fait que la qualité de nos aliments et la cuisson seront des paramètres incontournables.
Cordialement +++